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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/61

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toutes les fêtes qu’on lui donna, et qui furent de la plus grande magnificence. Toutes les femmes y étoient couvertes de pierreries ; celles qui n’en avoient point en empruntèrent ou en louèrent à des joailliers. Je n’ai jamais vu réunis tant de diamans, surtout à la fête donnée par le duc de Villars, et à celle du Palais-Royal. À cette dernière il y avoit plus de vingt femmes dont les robes en étoient garnies. Il arriva à ce sujet une singulière chose à madame de Berchini. Elle avoit beaucoup de diamans, tous empruntés, et entre autres une

    jamais vu ; madame de Mazarin eut l’idée de faire représenter chez elle une pièce du Théâtre-Italien que le roi ne connoissoit pas ; cette comédie étoit intitulée : Arlequin barbier, paralytique. Le jour de la fête, après un beau concert, la duchesse conduisit le roi dans une salle où l’on trouva un joli théâtre. Le roi fit placer madame de Mazarin à côté de lui ; aussitôt le spectacle commença. Le roi ne savoit que très-imparfaitement le françois ; dans toutes les représentations théâtrales des fêtes qu’on lui avoit données jusqu’alors, on avoit toujours commencé par des prologues faits à sa louange et dont toutes les allusions, faites pour lui, étoient vivement applaudies. Ce prince prit, pour un de ces prologues, la pièce d’Arlequin barbier, paralytique ; et, à chaque acclamation qu’excitoit le jeu de Carlin, le roi s’inclinoit, et