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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/70

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d’émotion, par l’appréhension de me trouver toute seule dans cette grande chambre ; tout à coup les adjoints du commissaire vont dans le cabinet et le commissaire lui-même se dispose gravement à les suivre, alors je perds la tête, je m’élance hors du lit, j’attrape le commissaire par sa robe en m’écriant : Monsieur le commissaire, ne m’abandonnez pas. Au même instant, confuse de me trouver en chemise, je m’enveloppe parfaitement dans la longue queue du commissaire, qui, n’ayant pas pris garde à moi jusqu’alors, eut une véritable peur ; car il me prit pour une folle, et il en avoit bien le droit. M. de Genlis, ma tante, tout le monde accourt, on ne peut s’empêcher de rire et même aux éclats ; jamais des scellés n’ont été posés aussi gaiement. On vint m’habiller dans le manteau du commissaire, dont je ne me séparai que lorsqu’on m’eut donné un jupon et une robe. Quelque temps après, M. de Thiars fit sur cette aventure une assez jolie chanson.

Nous partîmes pour Vincennes ; nous y passâmes dix jours chez ma grand’tante, mademoiselle Dessaleux, qui, depuis la mort de ma grand’mère, avoit obtenu dans le château un grand, et magnifique logement. M. le duc d’Or-