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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/72

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énormes qu’au plus grand sentiment, ou pour arracher au dernier désespoir un être estimable, dont elle auroit parfaitement éprouvé la constance. Tels étoient exactement ses discours. Il ne me resta de toutes ces phrases que la certitude que ma tante avoit la ferme résolution de tout tenter, de tout faire pour parvenir à épouser M. le duc d’Orléans. Elle me parloit avec un extrême dépit de l’espèce d’embarras qu’elle avoit observé dans M. le duc d’Orléans. « Je suis sûre, disoit-elle, que quelqu’un du Palais-Royal cherche à l’éloigner de moi ; je soupçonne, continuoit-elle, madame de Barbantane et M. de Pont (elle ne se trompoit pas) ; on me suppose des projets que je suis incapable de former. Tous ces gens-là auroient été charmés de me voir sa maîtresse, cela valoit mieux que Marquise ; mais ils ne supportent pas l’idée de me voir à une élévation qui les mettroit tous dans ma dépendance ; ils ont pourtant été témoins de la franchise de ma conduite avec M. le duc d’Orléans, je ne lui ai point caché mon sentiment pour le duc de Guînes[1], si cela ne l’a pas guéri, ce n’est

  1. Parce qu’il étoit impossible de le nier, la chose étoit universellement connue.
    (Note de l’auteur.)