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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/74

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vue d’esprit ; mais, sans songer que j’avois été mariée à dix-sept ans, et que j’en avois vingt-deux[1], elle ne remarquoit que l’espèce d’enfantillage que j’avois naturellement dans l’esprit, ma simplicité à quelques égards, ma figure plus jeune que mon âge, ma timidité dans le grand monde, ma gaieté folle quand j’étois à mon aise, ma peur des revenans, et elle ne voyoit en moi qu’une jolie enfant, une Agnès un peu façonnée par le monde. Comme elle ne lisoit pas du tout, elle ne m’a jamais questionnée sur mes lectures, et je ne lui en ai jamais parlé. Ainsi il étoit impossible qu’elle se doutât de l’espèce d’instruction que je pouvois avoir ; elle savoit seulement que j’avois fait des chansons à Sillery, et que je connoissois les règles de la poésie, mais elle n’attachoit nul prix à cette espèce de succès de société. Nous revînmes à Paris, d’où elle devoit partir pour Barège.

La simplicité que me trouvoit ma tante l’engageoit sans cesse à me rendre témoin des artifices les plus raffinés ou les plus puériles. Voici dans ce dernier genre un trait qui m’amusa trop pour que j’aie pu en oublier le moin-

  1. 1768.