Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop comment je m’en tirerois. M. le duc d’Orléans entra d’une manière qui me fit rire, il m’apportoit une grande quantité de boîtes de sucre d’orge de Fontainebleau ; il me dit, en riant, qu’il s’étoit rappelé que je lui en avois souvent demandé. Cette attention me mit de bonne humeur, et M. le duc d’Orléans s’amusa beaucoup de la vivacité de ma reconnoissance. Cependant, au bout d’un quart d’heure, il se ressouvint qu’il étoit affligé du départ de ma tante. Il m’en parla, mais je ne vis dans son cœur ni passion, ni même un véritable attachement. Sa visite ne dura que trois quarts d’heure ; il me dit, en me quittant, qu’il reviendroit le surlendemain. La seconde visite fut très-animée ; nous parlâmes d’abord de ma tante, je vantai son attachement pour lui, M. le duc d’Orléans m’écouta avec l’air tout étonné de m’entendre raisonner sérieusement. Je parlai toute seule fort long-temps, et d’une manière romanesque qui parut merveilleuse à M. le duc d’Orléans. Enfin, je m’arrêtai pour recevoir des complimens sur mon éloquence. M. le duc d’Orléans me dit ensuite fort tristement qu’il n’avoit jamais été aimé pour lui-même. Cette phrase me surprit extrêmement ; il me