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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/81

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l’a beaucoup répétée depuis. Je combattis cette idée, ce qui ne lui fit pas grande impression. Peu à peu, il changea d’entretien, et tout à coup il se mit à me conter ses bonnes fortunes, dans lesquelles se trouvoient toujours mêlées celles du baron de Bezenval. Ces récits, faits en termes très-décens, étoient, pour le fond, horriblement scandaleux, et ils étoient faits avec une telle simplicité d’intentions, que je les écoutois avec une curiosité qui n’étoit troublée par aucun embarras. Je suis sûre que tout en étoit vrai, ce n’étoient point des vanteries, c’étoit du bavardage et de l’indiscrétion. Mon étonnement, qui se peignoit sur mon visage, divertissoit à l’excès M. le duc d’Orléans ; j’avoue que je demandai les noms, on me fit promettre le secret (que je n’ai jamais trahi) et tout me fut révélé. Au reste, toutes les héroïnes de ces histoires étoient des femmes d’une très-mauvaise réputation, il y en avoit même plusieurs qu’on avoit chassées de la bonne compagnie ; mais enfin, il y en avoit aussi que l’on rencontroit encore à la cour et dans le monde.

Pendant un mois M. le duc d’Orléans revint ainsi régulièrement orner ma mémoire, à peu