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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/86

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mener, et il m’y donna rendez-vous. Je n’ai jamais vu tant de monde réuni qu’il y en eut à ce bal. J’y allai en domino paré, avec seulement un petit masque qui ne cachoit que les yeux et le nez ; on appeloit cela un loup. Madame de Puisieux mena avec moi madame de Saint-Chamand sa nièce, et le marquis de Bouzoles pour nous donner le bras. Nous nous établîmes sur une banquette, dans la salle où il y avoit le moins de monde. Au bout d’une demi-heure, M. le duc d’Orléans, très-masqué en domino noir, nous arriva il n’étoit pas difficile à reconnaître dans ce déguisement ; il avoit la forme d’une grosse tour. Il proposa de me mener dans les autres pièces, en promettant de me ramener dans une heure. Je me mis sous sa garde, et comme nous cheminions ensemble, un masque, en jetant les yeux sur lui, s’écria : Laissez passer la cathédrale de Reims ; ce qui excita un rire général, et même celui de M. le duc d’Orléans, qui dit que cette ressemblance respectable étoit excellente dans une telle foule. En effet, nous traversâmes heureusement deux grandes pièces ; mais au milieu de la troisième, qui précédoit celle où se trouvoit la fa-