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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/95

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je remarquai particulièrement une jeune personne, dont l’aimable figure et les manières nobles me frappèrent. C’étoit madame la comtesse de Mérode (depuis comtesse de Lannoy) ; elle étoit plus âgée que moi de trois ans ; elle avoit la plus belle taille, un visage agréable, beaucoup d’esprit, une imagination très-vive, et mille qualités attachantes. Elle m’inspira une véritable inclination dès la première vue, c’est ce que j’ai toujours éprouvé pour toutes les personnes que j’ai beaucoup aimées. Je produisis le même effet sur elle ; et dés le même soir elle me reconduisit dans ma chambre, et nous veillâmes tête à tête jusqu’à trois heures du matin. Il semble que ces impressions si vives, ces amitiés si promptes, ne puissent appartenir qu’à la jeunesse ; mais je les ai toutes conservées ; je n’aime jamais les personnes qui ne m’attirent pas tout de suite.

Le lendemain matin M. Damézague vint nous demander ce que nous ferions le soir ; je proposai d’arranger des proverbes ; il dit que personne dans le château n’en savoit jouer ; il ajouta, en riant, que je devrois en jouer un toute seule pour leur donner une leçon. Je répondis que cela n’étoit pas impossible ; en effet, je