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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/96

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l’essayai, et j’inventai ma fameuse scène de la Cloison, que j’ai tant jouée depuis, dont j’ai fait par la suite deux petites comédies, et qu’on a imitée plusieurs fois au théâtre, entre autres dans Aucassin et Nicolette. Ma Cloison eut un tel succès, qu’on me la fit jouer cinq ou six jours de suite ; nous donnions pour petite pièce une chanson burlesque très-plaisamment chantée et jouée par M. Damézague, et que j’accompagnois de la harpe. Je formai une petite troupe pour jouer des proverbes ; madame de Mérode, surtout, fit beaucoup d’honneur à mes leçons dans ce genre. Nous faisions des promenades charmantes en calèche et à pied dans le parc, qui étoit immense, et admirablement beau. Nous entendîmes parler d’une montagne voisine qu’on appelle la Montagne des deux Amans, et qui est également fameuse dans le pays par sa prodigieuse élévation, la superbe vue qu’on découvre de son sommet, la difficulté d’y parvenir, et enfin par la tradition qui explique pourquoi elle s’appelle la Montagne des deux Amans. On conte que jadis on la nommoit inaccessible, on croyoit qu’il étoit impossible de la gravir. Un pâtre de la vallée, amou-