Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
AUTEUR.

elle tous ses moyens de plaire, et ce qu’on appelle la grace dans les hommes avec les femmes, est toujours jointe à la tromperie, quand la femme à laquelle ils veulent plaire est crédule et vaine. Mélanide, comme toutes les femmes galantes qui manquent de beauté ou qui ne sont plus jeunes, étoit intrigante ; elle regardoit l’intrigue sinon comme un art de séduction, du moins comme un moyen d’attacher un amant, et elle pensoit qu’un service rendu, devoit enchaîner et fixer l’amour. Aussi-tôt qu’elle apprit que Germeuil alloit épouser Natalie, elle se crut trahie, parce qu’elle étoit déçue dans ses espérances ; animée du plus violent ressentiment, elle vole à Versailles et fait révoquer la promesse qu’elle avoit obtenue de son frère. Il est si facile à la cour de détruire en peu d’instans ce qu’on a fait ! La place fut sur-le-champ donnée à un autre. Germeuil le sut le lendemain, et sa colère égala sa surprise. En même temps il imagina que Natalie triompheroit de ce résultat de sa liaison avec Mélanide, et cette idée lui donna contre