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LE JOURNALISTE.

étoit un ancien amant de Célinte, et l’homme auquel il devoit sa place. Quoi ! madame, s’écria Mirval, cet auteur anonyme est M. de G*** ? — Lui-même, et c’est une chose qui n’est ignorée que de vous. — Sûrement, dit Delmont, qui saisit l’occasion de faire sa cour à Célinte, sûrement, mon cher Mirval, vous aurez lu trop rapidement ; car l’ouvrage est bien pensé, et il a du succès. Tenez, poursuivit-il en prenant le livre qui étoit sur la chiffonnière de Célinte, écoutez-en quelques morceaux… À ces mots, Delmont se mit à feuilleter le livre, et Célinte lui indiquant un passage, il lut, avec emphase, deux pages de galimathias absolument inexplicable : Certainement, dit Célinte, ce morceau est étincelant d’esprit, et rempli de sentiment. Mirval forcé de mentir, eut l’air de partager cette admiration, et Célinte se radoucissant l’assura qu’il y avoit dans l’ouvrage vingt morceaux de cette force-là, chose dont Mirval pouvoit convenir sans trahir la vérité. « Je vais, dit il, déchirer mon extrait. — Point du tout, reprit Célinte,