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LE JOURNALISTE.

Le lendemain matin, à dix heures, Clainville trouva Mirval seul dans son cabinet, occupé d’une lecture qui paroissoit l’intéresser. « Je lis, dit-il, une nouvelle production de Delmas, un émigré dont vous avez sans doute entendu parler ; cet homme a du talent, et ce dernier ouvrage me paroit encore supérieur à celui dont j’ai rendu compte il y a six mois. — Ferez-vous l’extrait de celui-ci ? demanda Clainville. — Je voudrois bien m’en dispenser, répondit Mirval ; je n’aime pas l’auteur, et cependant ses ouvrages me plaisent… — Le connoissez-vous, ce Delmas ? — Non pas personnellement, mais je connois son caractère et son histoire. C’est un homme faux, intrigant… — Il a donc fait fortune ?… — On le dit… — Il a sans doute aussi beaucoup de partisans, de défenseurs ? — Il n’en a point parmi les journalistes. — Un intrigant ! il est donc bien bête ? — Mon cher Clainville, vous connaissez mes liaisons et ma situation, vous concevrez qu’il ne m’est pas toujours permis d’être impartial. J’avois des intentions bien pures en