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LE JOURNALISTE.

vous aimez ; je conçois votre colère, mais je ne comprends pas votre étonnement. — Quoi ! vous ne trouvez pas surprenant qu’un journaliste qui ne manque pas d’esprit, ait assez peu de pudeur et de sens commun, pour déshonorer ainsi son jugement, son caractère et son journal ? — Rien de tout cela ne déshonore aujourd’hui, l’esprit de parti justifie tout. Que dira-t-on ? Le journaliste et l’auteur dont il parle n’ont sûrement pas les mêmes opinions. Voilà tout. — Quelle influence peut avoir l’esprit de parti sur des jugemens purement littéraires ? — Quelle influence ! mais vous parlez comme un homme d’un autre siècle, Vous êtes à douze ans du vôtre. Il est bien question de juger les ouvrages, il s’agit uniquement de prôner ou de décrier les auteurs, selon la manière de penser qu’on leur connoît ou qu’on leur suppose. — Eh bien ! moi, je prouverai qu’un honnête homme peut avoir, dans tous les temps, de la droiture et de l’impartialité. Je veux faire un journal. — Et vous serez toujours parfaitement véridique ?