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LA FEMME

teur à mérite égal, ils en seront plus jaloux que d’un homme. Conservons entr’eux et nous, ces liens puissans et nécessaires, formés par la force généreuse et par la foiblesse reconnoissante : quel seroit notre recours, si nos protecteurs devenoient nos rivaux ; ils ne nous permettront jamais de les égaler, ni dans les sciences, ni dans la littérature ; car, avec l’éducation que nous recevons, ce seroit les surpasser. Laissons-leur la gloire qui leur coûte si cher, et que la plupart d’entr’eux n’acquièrent qu’au prix de leur sang. La gloire pour nous, c’est le bonheur ; les épouses et les mères heureuses, voilà les véritables héroïnes.

Cet entretien affermit Natalie dans la sage résolution de ne jamais publier ses ouvrages, mais elle ne perdit rien de son ardeur pour l’étude et de son goût pour écrire.

Quand on satisfait une véritable passion, on peut facilement se passer de renommée ; Natalie ne connoissoit point encore les inconvéniens de la célébrité, Mais elle ne la desiroit point ; elle culti-