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LA FEMME

sans le vouloir ?… — Non, même avec ce correctif, cette expression me déplaît encore. — Vous êtes difficile, vous en avez le droit. — C’est que le cœur est plus délicat que l’esprit.

Un tiers qui survint, interrompit cet entretien. Germeuil partit ; en quittant Natalie, il se dit en secret : J’aurois adoré cette femme-là, si mon cœur n’eût pas été rempli par une autre ; voilà ce qu’il s’avouoit sans scrupule, et non peut-être sans émotion. Une femme à sa place, une femme qui eût aimé, n’auroit jamais fait une semblable supposition.

Germeuil, de retour à Paris, questionna sur Natalie plusieurs personnes de sa société intime. Quoi ! s’écria-t-il, elle n’a point d’amant, elle n’a jamais aimé !… et cette certitude lui rendoit plus agréable encore le souvenir de l’entretien qu’il avoit eu avec elle. Cependant il adoroit la comtesse de Nangis. Que lui importoient les sentimens de Natalie ?… C’est sur-tout en amour que le cœur des hommes est inexplicable.