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AUTEUR.

fois une action bienfaisante et une malice. Il n’en faut pas tant pour élever une femme au-dessus d’elle-même et pour la rendre charmante ; Natalie se surpassa ; elle chanta avec tant d’expression, que tout le monde fut attendri ; le comte de Nangis, parfaitement dissuadé, applaudit avec transport ; mais rien ne peut donner l’idée de l’étonnement qu’éprouvèrent madame de Nangis et Germeuil ; la première, malgré le service que venoit de lui rendre Natalie, ne pouvoit se défendre d’une jalouse inquiétude, en pensant que sans doute Germeuil lui avoit communiqué cette romance. Pour Germeuil, il ne voyoit que Natalie, l’excès de son admiration lui faisoit oublier jusqu’à sa surprise. Il auroit voulu pouvoir se jeter à ses pieds, il se livroit avec délice à la reconnoissance la plus passionnée.

Quand Natalie eut cessé de chanter, elle reçut les éloges qu’on lui donna, avec beaucoup de grace, pour le véritable auteur de la romance. Je ne puis, dit-elle, avoir à cet égard la modestie