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AUTEUR.

qu’il étoit si grièvement blessé que l’on désespéroit absolument de sa vie. À ce récit, Germeuil changea de visage ; Natalie, qui le regardoit, pâlit elle-même, et sentant qu’elle étoit prête à se trouver mal, elle se hâta de sortir. Arrivée dans l’antichambre, elle demanda un verre d’eau, et tomba sur une chaise. Dans ce moment parut Germeuil, qui, d’un air inquiet, s’approcha d’elle ; Natalie fit un effort pour se lever, en disant qu’elle attendoit sa voiture ; ses gens lui répétèrent que ses chevaux étoient mis depuis plus d’une heure… Germeuil lui donna le bras ; ils trembloient également tous les deux ; ils gardèrent un profond silence… Au moment de monter en voiture, Natalie lui dit tout bas : soyez heureux, c’est tout ce que je desire !… Moi !… reprit vivement Germeuil, heureux !… jamais. Natalie monta en voiture, et quand sa portière se referma, il lui sembla qu’elle se séparoit pour toujours de Germeuil, et elle fondit en larmes. Ce fut alors qu’elle connut tous les tourmens de la jalousie : quel événement pour elle que la mort du