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LA FEMME

comte de Nangis ! Quoi ! disoit-elle, je verrai Germeuil s’engager à madame de Nangis par un lien sacré ! Quoi ! ce sentiment si pur, qui m’est si cher, va perdre toute son innocence ! J’ai pu renoncer à Germeuil ; mais comment renoncer à mon amour !… Ce nom qu’il m’étoit si doux d’entendre prononcer, sera celui de ma rivale ! Cette livrée que je ne puis voir sans émotion, sera la sienne !… Quel changement dans son sort et dans le mien ! La passion, qui n’étoit pour elle qu’une foiblesse coupable, fera désormais sa gloire ainsi que son bonheur ; et moi, je ne pourrai, sans crime, aimer Germeuil !…

Natalie, livrée à ses tristes réflexions, ne put se résoudre à se coucher que lorsqu’elle vit paroître le jour. Deux ou trois heures après elle sonna, et on lui remit un billet de Germeuil, elle l’ouvrit précipitamment d’une main tremblante, quelle fut sa joie d’y trouver ces mots :

« M. D*** étoit mal informé : grace au ciel M. de Nangis est en parfaite santé ; il est vrai qu’il a fait une chute