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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

le Seigneur, en descendant aux enfers, comme il y est certainement descendu, n’a eu d’autre motif que de prêcher l’Évangile, il allait évangéliser ou tous les morts ou les Hébreux seulement. Tous les morts ; il suit de là que tous ceux qui auront cru seront sauvés, quand même ils appartiendraient à la gentilité, puisqu’ils auront confessé dans ce séjour le nom du Seigneur. Ils sont, en effet, pleins de salutaires instructions, les châtiments qui poussent le pécheur à sa conversion, et aiment mieux son repentir que sa mort. Ajoutez à cela que les âmes, quoique encore obscurcies par les ténèbres des passions, peuvent mieux comprendre le but et le sens de la punition, une fois dégagées de l’enveloppe charnelle qui les assujetissait. Soutiendra-t-on que le Christ a évangélisé les Hébreux seulement, auxquels manquaient la connaissance véritable et la foi qui viennent du Sauveur ? Il est évident dès-lors que Dieu, chez lequel il n’y a point acception de personnes, envoya les apôtres dans les enfers pour y évangéliser, comme ici-bas, ceux des Gentils qui pouvaient se convertir. Le Pasteur a donc raison quand il nous dit : « Ils sont descendus avec eux dans l’eau, et en sont sortis de nouveau ; mais ils en sont sortis pleins de vie ; et quant à ceux qui étaient morts auparavant, à la vérité ils y sont entrés morts, mais ils en sont sortis vivants. » L’Évangile aussi rapporte qu’un grand nombre de morts, brisant la tombe sous laquelle ils dormaient, se relevèrent, sans doute pour être transportés dans un lieu meilleur. Que dirai-je ? L’incarnation du Sauveur imprima au monde un mouvement général et fut comme une translation universelle. Le juste, en tant que juste, ne diffère donc point du juste, qu’il soit Grec, ou qu’il ait vécu sous la loi ; car Dieu est le Seigneur non-seulement des Juifs, mais de tous les hommes, quoiqu’il soit de plus près le père de ceux qui l’ont connu davantage. Si c’est vivre selon la loi que de bien vivre, et vivre conformément à la raison que de se conformer à la loi ; si, d’autre part, ceux qui, avant la loi, ont bien vécu, sont réputés enfants de la foi et reconnus pour justes, il est manifeste que ceux qui, nés hors de la loi, ont mené une vie droite sans autre secours que la