Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
496
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

voix de leur conscience, fussent-ils plongés dans l’enfer et retenus en captivité, lorsque le Christ parut, n’auront point tardé, aussitôt qu’ils auront entendu soit la parole divine elle-même, soit celle des apôtres, à se convertir et à embrasser la foi.

N’oublions pas que le Seigneur est la vertu de Dieu, et qu’il ne peut jamais advenir que la vertu de Dieu s’affaiblisse. Par ce qui précède, il est prouvé d’abord que Dieu est bon ; ensuite que le Seigneur est puissant, et qu’il sauve avec une justice égale, soit ici-bas, soit ailleurs, quiconque se tourne vers lui. Ne nous imaginons pas que la vertu agissante soit uniquement descendue parmi nous ; elle remplit tous les lieux ; elle opère sans interruption. C’est ainsi que dans la prédication de Pierre le Seigneur dit à ses disciples, après qu’il fut ressuscité : « Je vous ai choisis au nombre de douze pour être mes disciples, vous jugeant dignes de moi. Apôtres élus et fidèles, je vous envoie par le monde pour évangéliser les hommes qui l’habitent, et leur apprendre qu’il n’y a qu’un seul Dieu ; leur annonçant l’avenir par la foi en mon nom de Christ, afin que ceux qui entendront et croiront soient sauvés, et que ceux au contraire qui, après avoir entendu, ne croiront pas, portent témoignage contre eux-mêmes et se retirent la possibilité de cette justification : Nous n’avons point entendu. » Quoi donc ! la divine économie de l’incarnation n’a-t-elle pas pénétré jusque dans l’enfer, afin que là aussi toutes les âmes, au bruit de la prédication divine, ou se repentissent du passé, ou qu’en refusant de croire, elles proclamassent solennellement la justice de leur châtiment. Supposez, en effet, que l’Évangile n’a pas été promulgué à ceux qui sont morts avant l’avènement du Seigneur, ils ne peuvent être sauvés ou punis que par la plus flagrante des injustices, puisqu’ils ne peuvent répondre ni de leur foi ni de leur incrédulité. L’équité ne veut pas qu’une moitié du genre humain soit condamnée sans avoir été entendue, ni qu’il n’y ait de participants aux bienfaits de la divine justice que ceux qui sont venus après l’incarnation. Une voix d’en haut a dit à toutes les âmes douées d’intelligence et de raison : Quels que soient les péchés que l’une d’entre vous aura commis, faute de connaî-