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voix des apôtres et de leurs disciples, et le paganisme sentit qu’il fallait faire les derniers efforts pour ne pas mourir.

Néron avait laissé vivre un des plus grands apôtres, saint Jean, que Jésus-Christ avait conservé pour qu’il n’abandonnât pas sa mère. Domitien trouva Jean délivré de ce glorieux soin par la mort de la sainte Vierge ; il le fit enlever, amener à Rome et plonger dans une cuve d’huile bouillante, près de la porte Latine, et de là exiler à Pathmos, l’une des Sporades. Laissons parler un de ses panégyristes :

« Saint Jean fut le disciple bien-aimé, celui qui se reposa sur le sein de Jésus-Christ ; aussi a-t-il été comblé de toutes les grâces, car Jésus-Christ a fait des apôtres, des évangélistes, des docteurs, des prophètes, des vierges, des martyrs ; mais Jean a eu toutes ces faveurs ensemble : apôtre dans sa mission par toute l’Asie et jusqu’aux Parthes ; évangéliste dans le recueil des merveilles du fils de Dieu échappées aux autres historiens ; prophète, non pas pour un siècle, mais jusqu’à la consommation des siècles ; docteur de la charité ; martyr, non pas une fois ni par une espèce de supplice, mais par le feu, par le poison et par l’exil ; vierge enfin, non pas simplement zélateur de la virginité, mais gardien de la reine des vierges.

« Saint Jean l’évangéliste est le seul qui nous ait bien dépeint le caractère du cœur de Jésus. L’amour avait tellement gravé toutes ses merveilles dans sa mémoire, et encore plus fidèlement ses paroles et ses sentiments, qu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, soixante-cinq ans après la mort de son maître, il avait encore tous les faits de son histoire assez vivement présents pour les écrire. Rien ne peut égaler l’onction répandue dans ses épîtres. Elles ne respirent qu’amour et charité.

« Il fonda sept Églises dans l’Asie, qui furent les modèles de toutes celles de l’Orient. Il étendit ses soins jusque dans la Perse, où les Parthes dominaient alors, et ce fut à eux qu’il écrivit cette merveilleuse épître, qui est la première entre les trois. Il établit enfin si fortement la divinité du Sauveur, qui est le fondement de la religion chrétienne, que, quoiqu’il n’ait prêché que dans une partie de l’Orient et qu’Éphèse ait été