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immédiatement après sa mort, et que, par un privilége spécial, son corps, réuni à son âme, fut reçu dans le ciel. André de Crète et saint Grégoire de Tours sont témoins que cette tradition était suivie en Orient au septième et en Occident au sixième siècle. C’est aujourd’hui l’opinion générale de l’Église, qui célèbre cet événement par une grande fête, la fête de l’Assomption.

Thucydide a dit que la femme la plus vertueuse était celle dont on parlait le moins. Ce jugement de la part d’un citoyen d’Athènes, cette ville où les courtisannes décidaient de la guerre et de la paix, et où elles avaient des statues d’or entre les rois et des tombeaux plus magnifiques que Miltiade ou Périclès, prouve que les idées justes n’ont jamais été bannies de la terre. Valère-Maxime, qui vécut sous Tibère, a loué en plusieurs endroits les dames romaines ; mais quels sont les objets de son admiration ! Porcie, fille de Caton et femme de Brutus, qui conspira comme eux, et comme eux se donna la mort ; Julie, femme de Pompée, qui mourut de frayeur d’avoir vu une robe de son mari teinte de sang ; la jeune Romaine qui, dans la prison, nourrit sa mère de son lait ; la fille d’Hortensius, qui plaida devant le barreau de Rome ; Pauline, femme de Sénèque, qui s’ouvrit les veines avec lui ; Arria, qui voyant son mari hésiter à mourir, se perça le sein et lui remit le poignard. La tribune romaine venait de retentir des éloges de Junie, sœur de Brutus et femme de Cassius, républicaine ardente et passionnée ; de Livie, femme d’Auguste, ambitieuse et intrigante ; d’Octavie, femme d’Antoine, rivale de Cléopâtre, intéressante par sa beauté et ses malheurs. Voilà ce qu’étaient les femmes au temps où la nouvelle Ève parut sur la terre. On ne voit, dans ce tableau des mœurs des femmes païennes, ni la grâce, ni la douceur, ni l’humilité, ni le calme, ni la résignation, ni la pudeur, ni le dévouement secret à tous les devoirs, ni la satisfaction intérieure, ni la modestie. Cet ensemble de vertus qui formait les attributs de Marie est devenu maintenant le modèle de toutes les femmes chrétiennes.

Le plus bel éloge de Marie est dans ces mots du premier