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fils de Priscus, je présente ce discours. » C’est dans cette apologie qu’on trouve ce trait sublime : « Vous pouvez nous faire mourir, mais vous ne pouvez pas nous nuire. » Accusé d’esprit de sédition, Justin répondait par ces mots de l’Évangile : « Rendez à César ce qui est à César ! Oui ; nous vous obéissons avec joie, nous vous reconnaissons pour empereur, et nous demandons en même temps à Dieu qu’il vous accorde la sagesse avec l’empire. »

L’orateur trace ensuite la peinture des premières assemblées du Christianisme, « où la vieillesse, dit un écrivain moderne, était un sacerdoce, où l’égalité régnait avec la vertu, où les cérémonies étaient simples et la morale sublime. » Nous ne parlerons pas ici des ouvrages de ce grand homme, ni de son martyre ; nous renvoyons le lecteur à la notice qui lui est consacrée et que l’on trouvera à la tête de ses œuvres. Saint Justin scella de son sang la foi qu’il a si bien su défendre. La persécution ne cessa pas, car Athénagore, philosophe d’Athènes, adressa à Marc-Aurèle une nouvelle apologie du Christianisme. « Quels sont les préceptes dans lesquels nous sommes nourris, s’écrie ce philosophe chrétien ? Je vous le dis, aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être les enfants du Père céleste qui fait luire son soleil sur les méchants et sur les bons. » Méliton, évêque de Sardes, en Lydie, suivit le même exemple, ainsi que saint Claude Apollinaire, évêque d’Hiéraple. Saint Théophile, évêque d’Antioche, détruit aussi avec beaucoup d’art, dans ses trois livres à Aulique, tout ce que les païens objectaient contre la religion chrétienne, et il en expose la doctrine avec une admirable clarté.

Alors parut l’hérésiarque Valentin. Il ne manquait ni d’esprit, ni d’éloquence, et il avait aspiré à l’épiscopat ; mais parce qu’on lui préféra un martyr, il attaqua l’Église. Il avait étudié la philosophie platonicienne. Mêlant la doctrine des idées et les mystères des nombres avec la théogonie d’Hésiode et l’évangile de saint Jean, le seul qu’il recevait, il se fit une religion comme celle de Basilide et des gnostiques, dont ses