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l’exemple des autres, lui dit-il, car nous avons tellement poursuivi les Chrétiens, que tu es presque le seul qui reste. » Alexandre : « Je rends grâces à Dieu de ce que vous m’encouragez par l’exemple des autres martyrs. Vous vous trompez, le nom chrétien ne peut être éteint. Dieu l’a établi sur des fondements si solides, qu’il se conserve par la vie des hommes et qu’il s’étend par leur mort. Je suis Chrétien et l’ai toujours été, et le serai pour la gloire de Dieu. » Le gouverneur ordonne qu’il soit frappé par trois bourreaux qui se succédaient l’un à l’autre, et, le voyant inébranlable, il le condamne à mourir en croix. Les exécuteurs le prennent, lui étendent les bras et l’attachent ; mais il ne souffrit pas longtemps : car son corps était tellement déchiré, qu’à travers ses côtes décharnées on voyait ses entrailles à découvert. C’est en invoquant Jésus-Christ de sa voix mourante qu’il expira. Comme les gentils empêchaient la sépulture des martyrs, les Chrétiens dérobèrent les corps de ces deux saints et les cachèrent près de la ville, au fond d’une vallée arrosée d’eaux abondantes et couverte d’arbres. Ce lieu devint ensuite célèbre par la piété des fidèles et par des miracles[1]. C’est à la même époque que saint Symphorien fut martyrisé à Autun. Comme on le conduisait hors de la ville pour l’exécuter, sa mère lui criait du haut des murailles : « Mon fils, mon cher fils Symphorien, souvenez-vous du Dieu vivant ; élevez votre cœur au Ciel, et pensez à celui qui y règne. On ne vous ôte pas aujourd’hui la vie, on ne fait que la changer pour vous en une meilleure. »

La persécution s’arrêta, grâce à la protection visible du Ciel. L’armée de Marc-Aurèle, dans la guerre contre les Marcomans, allait périr de soif, lorsqu’une pluie abondante, obtenue par les prières des soldats d’une légion nommée la légion fulminante, tomba tout à coup du côté des Romains et vint réparer leur forces ; tandis qu’une grêle mêlée de feu foudroyait leurs ennemis. C’est l’empereur lui-même qui rend

  1. Nous empruntons ces détails à la lettre sur les martyrs de Lyon.