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paraissant devant lui revêtus du manteau de la philosophie, obtenaient des honneurs et des richesses en affectant de les mépriser. Son indulgence excessive pour son frère, sa femme et son fils passa les bornes de la vertu. L’exemple que donnèrent les vices de cette famille et leurs suites funestes firent les malheurs de l’état. Marc-Aurèle fut insensible aux désordres de Faustine ; il éleva plusieurs de ses amants à des emplois considérables, et il la fit déclarer déesse par le sénat et représenter dans les temples avec les attributs de Junon et de Cérès. Les jeunes gens avaient ordre de s’y rendre le jour de leur mariage et d’offrir leurs vœux aux autels de cette singulière divinité. » Et voilà le plus sage des empereurs de Rome jugé par l’incrédule Gibbon !

Antonin avait été religieux observateur de toutes les cérémonies du paganisme de Rome. Mais Marc-Aurèle adopta toutes les superstitions de son peuple et des autres nations ; il croyait aux présages, aux songes : les païens eux-mêmes se moquaient de sa crédulité. On conserve encore un distique où les bœufs blancs souhaitent qu’il ne revienne pas victorieux, de peur qu’il n’extermine leur race.

Marc-Aurèle ne fit rien pour changer la constitution despotique de Rome, qui allait livrer l’empire à Commode, Commode qui devait surpasser en cruauté Tibère, Caligula, Claude, Néron, Domitien et Vitellius.

Marc-Aurèle partagea la dignité impériale avec son fils, à peine sorti de l’enfance, et qui annonçait tous les vices. Les délations se multiplièrent sous ce prince, qui avait commencé à régner à dix-neuf ans, et dont la cruauté fut la passion dominante.

Tout amenait l’agonie de l’empire : les esclaves brisaient leurs fers et ravageaient les villes les plus riches. On vendait publiquement les dignités de consul, de patricien et de sénateur. La peste et la famine vinrent mettre le comble aux calamités de Rome. Dion assure que, pendant longtemps, il mourut par jour dans cette ville deux mille personnes. Tandis que Commode laissait flotter les rênes de l’empire entre les mains