Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jésus-Christ étaient donc crues alors distinctement par l’Église.

Hégésippe, Juif qui avait embrassé la foi chrétienne, visita dans ce temps toutes les Églises catholiques et écrivit en cinq livres l’histoire ecclésiastique depuis la passion de Jésus-Christ jusqu’à lui. À Corinthe, à Rome, et dans plusieurs autres lieux, il eut des conférences avec les évêques, et dans ses écrits que nous avons perdus, et dont Eusèbe nous a conservé quelques fragments, il rendait témoignage que depuis les apôtres il n’y avait pas un siége épiscopal où l’on ne gardât fidèlement ce que la loi avait ordonné, ce que les apôtres avaient enseigné et que le Seigneur lui-même avait prêché.

« Lorsque je m’appliquais à l’étude de la philosophie platonicienne, dit Hégésippe, j’entendis parler des accusations dont on chargeait les Chrétiens ; je fus témoin de la manière dont ils couraient à la mort, bravant ce qu’elle a de plus terrible pour la nature, et j’en conclus qu’il était impossible que de tels hommes vécussent dans le crime et dans l’amour des plaisirs. Car ceux qui font consister la félicité humaine dans la jouissance des voluptés n’ont garde d’aller à la mort avec joie : bien loin de l’affronter comme font les Chrétiens, ils emploient tout pour s’y soustraire, pour éluder les arrêts de l’autorité et continuer leurs crimes avec leur vie. »

Il se fit alors dans l’état des femmes une révolution nouvelle. Marie devint le modèle sur lequel se réforma cette moitié du genre humain.

« Les danses des jeunes Lacédémoniennes sont connues, et selon l’expression de Montesquieu, Lycurgue avait ôté la pudeur à la chasteté même. À Rome, on avait vu des femmes danser sur un théâtre, sans que la décence publique mit aucune espèce de voile entre elles et les regards du peuple ; et si Caton vint au spectacle pour en sortir, les magistrats et les pontifes y assistèrent. La philosophie n’avait point de principe fixe sur les femmes. Tantôt elle combattait en elles et voulait leur ôter ce sentiment si doux qui fait la défense comme le charme de leur sexe. Tantôt elle voulait que l’union la plus tendre,