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suscité, après avoir rompu les liens de l’enfer[1] ; Jésus-Christ, que vous n’avez pas vu, mais en qui vous croyez, et dont la foi vous fait éprouver des transports d’une joie ineffable, glorieuse, que bien des hommes voudraient partager. Car ils savent que le salut vous vient de la grâce et non des œuvres, que vous le devez à la volonté de Dieu par Jésus-Christ.

Ceignez donc vos reins et servez le Seigneur dans la crainte et dans la vérité. Laissez là les vains discours de la multitude et ses erreurs, pour croire en celui-là seul qui a ressuscité notre Seigneur Jésus-Christ d’entre les morts, et lui a donné la gloire et une place à sa droite. Tout, en effet, est soumis à Jésus-Christ, au ciel et sur la terre ; tous les esprits lui obéissent ; il s’avance comme juge des vivants et des morts ; Dieu redemandera son sang à tout homme qui n’aura pas cru en lui.

Le Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts nous ressuscitera nous-mêmes, si nous faisons sa volonté, si nous marchons dans la voie de ses commandements, si nous aimons ce qu’il a aimé ; si nous nous abstenons de toute injustice, de toute fraude, de toute avarice, de toute calomnie, de tout faux témoignage, ne rendant point le mal pour le mal, injure pour injure, outrage pour outrage, ni imprécation pour imprécation.

N’oublions point les instructions que nous avons reçues du Seigneur : « Ne jugez pas, nous dit-il, et vous ne serez pas jugés ; remettez, et on vous remettra. Soyez miséricordieux, si vous voulez obtenir miséricorde ; on se servira envers vous de la mesure dont vous vous serez servi envers les autres. » Et ailleurs : « Bienheureux les pauvres et ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume de Dieu leur appartient. »

Si je vous parle ici de la véritable justice, ce n’est pas de moi-même, c’est vous qui m’en avez prié.

Mais ni moi, ni aucun autre, nous ne pourrions jamais atteindre à la haute philosophie du saint et glorieux Paul, qui, pendant son séjour parmi vous, enseignait la parole de vérité avec tant de force et de dignité devant les hommes d’alors, et qui, loin de vous, a écrit depuis ces lettres où la méditation vous découvrira tout ce qui peut vous faire croître dans la foi que vous

  1. Le mot enfer exprimait dans l’origine un lieu bas et profond, et par analogie le tombeau, le séjour des morts : c’est dans ce sens que saint Polycarpe l’emploie ici.