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vées admirables. Mon but est donc de rechercher avec vous quelle est la religion véritable : c’est une recherche à laquelle doivent attacher la plus haute importance ceux qui veulent vivre exempts de crainte à l’égard de ce jugement qui nous attend après cette vie, et qui nous est annoncé non-seulement par ceux qui nous ont précédés dans le culte du vrai Dieu, les prophètes et les législateurs, mais par tous ceux encore qui auprès de vous sont en réputation de sagesse, tels que vos poëtes et vos philosophes, qui se disent les seuls en possession de la vérité. J’ai donc pensé qu’il serait bien de chercher quels ont été les commencements de votre religion et de la nôtre, quels ont été les caractères de leurs fondateurs, en quels temps ils ont vécu ; par ce moyen, ceux qui auraient reçu de leurs pères la tradition d’un faux culte reconnaîtront aujourd’hui la vérité et s’affranchiront de leurs vieilles erreurs. Quant à nous, nous démontrerons d’une manière claire et lumineuse que la religion que nous suivons est celle du vrai Dieu, que nos pères ont suivie et que nous tenons d’eux.

II. Quels sont donc, ô Grecs, ceux que vous reconnaissez pour les fondateurs de votre religion ? Sont-ce les poëtes ? Mais cet aveu n’aura aucun poids auprès de ceux qui sont versés dans la connaissance de leurs ouvrages. Ils savent combien sont ridicules leurs opinions sur l’origine de vos dieux. Nous pouvons nous en convaincre par la lecture de votre Homère, le plus célèbre et celui que vous reconnaissez pour le prince de vos poëtes. D’abord il regarde l’eau comme le principe générateur des Dieux, témoin ce vers :

« L’Océan père des Dieux, et Téthis leur mère. » (Iliad. V, 311.)

Voyons maintenant ce qu’il pense de celui qui est regardé comme le premier d’entre les dieux, et qu’il appelle fréquemment père des dieux et des hommes ; voici comment en parle Homère :

« Jupiter qui chez les hommes est l’auteur des batailles. » (Ibid., 224.)

Il ne se contente pas de le montrer mettant aux prises les