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sur votre avenir, et que, dans la crainte du dernier jugement, annoncé non-seulement par nos docteurs, mais encore par les sages étrangers à notre culte, vous fassiez un sérieux retour sur vous-mêmes, afin de renoncer aux erreurs que vos pères vous ont transmises, pour embrasser enfin la vérité. Vous devez considérer aussi combien est grand le danger de se tromper, quand il s’agit d’un objet aussi important, et en conséquence étudier avec soin tout ce qui vous a été enseigné par ceux que vous appelez vos maîtres. Car c’est par un effet de la divine Providence que vous les voyez d’accord avec nous pour proclamer plusieurs grandes vérités, particulièrement ceux d’entre eux qui sont allés en Égypte et qui ont profité des traditions de Moïse et de la religion des Hébreux. Vous savez tous, car le plus grand nombre de vous a lu, je pense, les œuvres de Diodore et celles des autres historiens qui ont traité ces matières, vous savez tous qu’Orphée, Homère, Solon, qui donna des lois aux Athéniens, que Pythagore, que Platon et quelques autres, après avoir voyagé en Égypte et après avoir eu dans leurs mains l’histoire de Moïse, changèrent entièrement leurs premières opinions sur les divinités du paganisme.

XV. Orphée, après avoir été en quelque sorte le premier qui ait enseigné la pluralité des dieux, enseigna à son fils Musée et à quelques autres disciples qui venaient l’entendre, la connaissance d’un seul Dieu créateur du monde :

« Je parlerai maintenant aux initiés. Profanes, fermez les portes ; mais écoute-moi surtout, Musée, fils de la Lune qui éclaire les nuits ; je dirai toute la vérité, et je ne veux pas que les instructions que ma tendresse t’a données précédemment puissent nuire à ton bonheur. Écoute la voix du Verbe divin, confie-toi à lui ; qu’il dirige ton intelligence et inspire ton cœur. Suis la voie de la vérité et connais enfin celui qui est le seul roi du monde. Il est un, né de lui-même ; par lui tout a été fait et créé. Sa Providence veille sur tout ; aucun mortel ne peut le voir, et il les voit tous ; il est l’auteur du bien, il permet le mal, et l’horrible fléau de la guerre, et les