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le demande à ceux qui sont capables de comprendre, n’est-ce pas là le langage de Moïse, à la différence de l’expression près ? Moïse a dit, en parlant de Dieu, celui qui est ; Platon dit, ce qui est : il est évident que ces deux manières de parler conviennent également à Dieu qui ne cesse jamais d’exister. Il n’y a, en effet, que Dieu qui existe toujours sans avoir été créé. Examinons maintenant de qui il veut parler, quand il oppose à Dieu toujours subsistant un être qui est créé sans cesse et n’existe jamais. Nous verrons qu’il dit d’une manière claire et positive qu’il existe un Dieu, mais que les dieux ont une fin comme ils ont eu un commencement.

« N’est-ce pas ainsi, dit-il, qu’on s’est exprimé sur ces derniers ? Les dieux des dieux qui sont mon ouvrage. »

Car voici son langage : « Selon moi il faut avant tout bien distinguer ce qui est sans fin et n’a pas été créé sans cesse et n’existe jamais. L’un est compris par l’intelligence d’accord avec la raison, comme existant toujours de la même manière. L’autre est supposé par l’imagination sans raison aucune, comme ayant un commencement et une fin, et n’existant jamais. »

Il est évident, pour ceux qui ont de l’intelligence, que par ces mots Platon exprime la supposition de l’anéantissement des dieux faits de mains d’hommes. Remarquons aussi que Platon, en parlant des faux dieux et de celui qui les fait, ne se sert pas du mot créateur, mais qu’il dit l’artisan ; et il y a une différence bien remarquable entre l’un et l’autre, au jugement de ce philosophe. En effet, celui qui est créateur n’a besoin de qui que ce soit pour créer ; il fait ce qu’il fait par sa propre vertu et par sa puissance. L’artisan, au contraire, ne fait que donner la forme et l’arrangement qui lui conviennent à la matière qui existe sans lui.

XXIII. Peut-être se trouvera-t-il quelques personnes qui, aveuglément attachées à l’opinion de la pluralité des dieux, voudront nous opposer ce que Platon fait dire par le fabricateur des dieux à ces dieux mêmes : « Puisque vous avez été créés, vous n’êtes pas immortels, ni tout à fait impérissables ; toutefois vous ne serez pas anéantis, vous échapperez à la néces-