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ligible aux esprits même les plus bornés, la développe en ces termes : « Dieu, lui-même, en effet, comme nous l’apprend une antique tradition, est le commencement, la fin et le milieu de toutes choses. » Ici Platon appelle clairement la loi de Moïse du nom d’antique tradition ; il ne le nomme pas, il est vrai, par crainte de la ciguë, car il savait que la doctrine de Moïse était en opposition avec le culte religieux de la Grèce ; mais par ces mots tradition antique, dont il se sert, on voit bien qu’il désigne Moïse. Nous avons prouvé plus haut assez au long, par l’histoire de Diodore et d’autres monuments historiques du même genre, que la loi de Moïse est la plus ancienne et la première en date dans les traditions humaines. Diodore, en effet, parle de Moïse comme du plus ancien des législateurs, et comme ayant existé avant l’époque de l’invention des caractères avec lesquels les Grecs ont écrit leurs histoires.

XXVI. Que personne ne s’étonne de voir Platon ajouter foi à Moïse, sur l’éternité de Dieu. Car vous verrez qu’après le Dieu seul véritable, il attribue aussi aux prophètes la prescience des choses futures. Ainsi, dans le Timée, en raisonnant sur certains principes, il s’exprime comme il suit : « C’est par l’examen combiné des probabilités et de l’expérience que nous avons cru reconnaître quel était le principe du feu et de quelques autres corps. Mais Dieu seul connaît à fond ces mystères de la création qu’il révèle à ceux qu’il aime. » Or, de quels hommes veut-il parler, en disant « ceux que Dieu aime, » si ce n’est de Moïse et des autres prophètes, dont il avait étudié les livres et adopté la doctrine sur le jugement ? Voilà pourquoi il s’en explique avec tant d’énergie dans ce passage du premier livre de sa République, où il dit : « Lorsqu’on arrive à un âge où l’on n’espère plus avoir longtemps à vivre, on est saisi d’inquiétude et de crainte en pensant à certaines choses dont l’idée auparavant ne nous affectait nullement. Ce que l’on dit des enfers et des châtiments qu’y subissent les coupables, et que jusqu’alors nous avions traité de fables, nous tourmente alors, et nous avons peur que tout cela ne soit vrai ; soit par affaiblissement de l’âge, soit par