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l’approche du moment solennel de la fin de la vie, on se nourrit, on se préoccupe de ces idées. On est tourmenté de doute et de crainte, et l’on regarde dans son esprit le mal que l’on peut avoir fait pendant sa vie : A-t-on le malheur d’avoir vécu longtemps dans le crime ? on est réveillé en sursaut pendant le sommeil comme il arrive aux enfants, on tremble sans cesse et l’on est dévoré de remords. Tout au contraire, celui qui ne fait de mal à personne et qui a le sentiment de son innocence a l’âme sans cesse remplie de l’espoir d’un meilleur avenir, et l’espérance nourrit la vieillesse de son lait, comme le dit Pindare. Voici, cher Socrate, les paroles éloquentes de ce poëte : « Celui qui a mené une vie sainte et pure a le cœur rempli d’une joie intérieure ; l’espérance, comme une bonne nourrice, le suit dans sa vieillesse, l’espérance, qui est la règle de l’esprit changeant des mortels. » Tel est le langage que tient Platon dans son livre de la République.

XXVII. Dans le dixième livre du même ouvrage, Platon parle du jugement de Dieu après la mort, dont il avait puisé l’idée dans la lecture des prophètes ; il n’ose pas dire qu’il l’a empruntée à ces derniers, car il craignait les Grecs, mais il suppose qu’il la tient de quelqu’un. Voici la fiction qu’il imagine : Un guerrier, tué dans une bataille, devait être brûlé douze jours après, sur le bûcher ; il revient subitement à la vie et raconte ce qu’il a vu. Je cite les propres paroles de Platon : « Il avait entendu que quelqu’un demandait où était le grand Aridée. Cet Aridée, qui avait régné sur une ville de la Pamphylie dont on ne dit pas le nom, s’était rendu coupable du meurtre de son père, de son frère aîné, et d’un grand nombre d’autres personnes. Or, celui à qui l’on demandait des nouvelles d’Aridée répondit : « Il n’est pas arrivé et il ne viendra point ici. Nous l’avons vu qui subissait d’épouvantables châtiments ; mais, comme nous allions sortir du lieu où nous l’avions vu et où nous avions nous-mêmes fait nos expiations, il s’est trouvé tout à coup auprès de nous, et plusieurs rois avec lui : il y avait là aussi quelques hommes qui, sans avoir régné, avaient commis de grands forfaits sur la terre. Mais