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garder tous comme des hommes pervers ou impies. C’est encore ici une injustice.

Car, je vous le demande, le nom et le manteau de philosophe sont-ils toujours noblement portés par ceux qui les prennent ?

Leurs systèmes n’offensent-ils jamais la raison ? N’en connaissez-vous pas qui professent hautement l’athéisme ? Et cependant vous ne laissez pas de les appeler tous du nom de philosophes ! Voyez vos poëtes : comment représentent-ils sur la scène Jupiter et ses fils ? Ils en font des monstres d’impudicité. Proscrivez-vous ceux qui les dégradent à ce point ? D’autres font servir tous les charmes de leur voix à l’avilissement de vos dieux, et, loin de punir cette impiété, vous l’encouragez par des éloges et des récompenses.

V. Accordez-vous donc avec vous-mêmes. Quoi ! lorsqu’il s’agit des Chrétiens, si purs dans leur conduite, si respectueux envers la Divinité, vous ne voulez plus rien examiner, vous n’écoutez plus que la haine, vous n’obéissez plus qu’à l’impulsion la plus funeste, celle du démon, et vous allez jusqu’à sévir, sans avoir pris connaissance des faits !

Il importe de remonter à la cause qui vous fait tenir une pareille conduite. Autrefois apparurent de mauvais génies sous des formes trompeuses ; ils corrompirent les femmes et les enfants. Ils effrayèrent les hommes eux-mêmes ; ceux-ci, frappés de terreur et d’une sorte de vertige, ne jugèrent plus d’après la raison de ce qu’ils avaient vu ; ils ignoraient d’ailleurs l’existence de ces mauvais génies, et dans leur ignorance, ils en firent des dieux, les désignant par les noms que chacun d’eux avait pris. Socrate seul écouta le langage d’une raison saine ; il essaya de démasquer l’imposture et de détourner les hommes de ce culte affreux. Mais les démons, à la faveur de la corruption qu’ils avaient semée dans les cœurs, parvinrent à le faire mettre à mort, comme un impie, comme un athée, l’accusant lui-même d’avoir donné cours à la croyance de nouveaux génies.

Aujourd’hui ils tentent les mêmes efforts contre nous ; car ce n’est pas seulement chez les Grecs qu’elles sont annoncées, ces grandes vérités émanées du Verbe et proclamées par So-