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crate ; elles sont portées aux peuples barbares, elles ont été publiées chez nous par le Verbe lui-même, revêtu d’une forme visible, fait homme comme nous et appelé du nom de Jésus-Christ. C’est en lui seul que nous croyons. Les auteurs de tant d’impostures, nous les déclarons génies mauvais, pervers, corrupteurs, au-dessous des hommes qu’ils abusent ; car ceux-ci du moins aiment encore la vertu.

VI. Et voilà pourquoi on nous appelle athées. Oui, nous sommes des athées, s’il s’agit de pareils dieux. Mais nous parlez-vous de cet être, source de vérité, principe de toute vertu, loin d’être comme vos dieux un composé monstrueux de tous les vices, nous ne sommes plus des athées, car avec lui nous honorons et adorons encore et le fils qu’il nous a envoyé et qui nous a enseigné cette doctrine ainsi qu’à la sainte milice des anges restés fidèles à Dieu, dont ils sont la plus parfaite image, et l’Esprit saint qui inspirait les prophètes. C’est la raison, c’est la vérité même qui fait tout le fond de notre culte, et les divines lumières que nous avons reçues, nous nous faisons un bonheur de les transmettre à ceux qui veulent aussi les recevoir. Et voilà les hommes que vous persécutez.

VII. Vous dites, pour justifier votre conduite, qu’il se trouve souvent de véritables coupables parmi les accusés. Mais comment connaissez-vous les coupables que d’ordinaire vous condamnez ? N’est-ce point après un mûr examen des faits qui les concernent, et non d’après la culpabilité reconnue dans les autres ? Un seul mot peut résumer notre pensée : n’est-il pas vrai que chez les Grecs on appelle du nom de philosophes tous ceux qui ont embrassé un système et qui l’enseignent publiquement, quelle que soit la confusion qui résulte de cette variété de systèmes et d’opinions ? De même les sages d’entre nous, ou ceux qui passent pour l’être, portent tous un même nom : on les appelle tous Chrétiens. Dès lors, je vous prie, ne faites plus attention au nom, mais à la conduite des accusés ; que le coupable soit condamné, non parce qu’il est Chrétien, mais parce qu’il est coupable, et que l’innocent soit absout bien