Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/406

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nues, quel homme, se voyant resserré dans une vie si courte, se déclarerait pour le vice, quand il aurait en perspective les feux éternels qu’il lui prépare hors de cette vie ! Quel motif, au contraire, plus capable de le détourner du crime et de le porter à la vertu, afin que celle-ci, devenue l’unique ornement de son âme, le préserve d’un malheur sans fin et lui procure l’éternelle félicité que Dieu nous promet ? Croyez-vous que les lois toutes seules avec les peines qu’elles infligent imposent assez au méchant pour l’arrêter et le contenir ? Il sait bien qu’il peut vous échapper, parce que vous n’êtes que des hommes. S’il ne redoute point d’autre regard, il enfantera le crime qu’il médite.

Ah ! s’il avait appris, s’il était convaincu comme nous que l’œil de Dieu est toujours ouvert sur lui, qu’il n’est pas seulement témoin de l’acte, mais encore de la pensée, il ferait le bien au lieu du mal, n’eût-il d’autre motif que la crainte du glaive qu’il verrait suspendu sur sa tête. Vous conviendrez de cette vérité avec moi ; mais examinez votre conduite. À voir vos persécutions, ne dirait-on pas que vous craignez que tout le monde ne se range du côté de la vertu, et que vos rigueurs n’aient plus personne à punir ? ce serait une crainte digne du bourreau et non de princes vertueux. Mais nous sommes persuadés que cet acharnement contre nous est moins votre ouvrage que celui du démon, qui égare la raison de l’homme pour en obtenir plus sûrement des autels et des victimes. Princes, vous êtes trop amis de la piété, de la sagesse, pour imiter ceux qui abjurent ainsi la raison. Si toutefois vous voulez, à l’exemple de l’insensé, sacrifier la vérité à d’indignes préjugés, sacrifiez-la, vous en avez le pouvoir ; mais songez-y, ce pouvoir oppresseur ne serait, après tout, que celui du brigand qui tue sa victime sans défense.

Mais c’est en vain que vous immolerez vos victimes : le Verbe vous le déclare, ce prince de la paix, le plus saint et le plus puissant, selon le témoignage même de Dieu, son père.

Personne ne voudrait recevoir en héritage la misère, la maladie, l’opprobre. Et voilà ce que ne peut manquer de recueillir