Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/413

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opérés par les plus habiles d’entre ces derniers, ne sont pas des présomptions de nature à vous persuader qu’après la mort l’âme conserve encore le sentiment ? Vous croyez que les âmes des morts s’emparent de certains hommes que vous appelez furieux, démoniaques, et que vous reléguez loin de la société ; vous croyez aux oracles de Dodone, d’Amphiloque, de Pythie, et à bien d’autres semblables ; vous adoptez les systèmes de Pythagore, d’Empédocle, de Platon, de Socrate ? Vous ajoutez foi à cette fosse dont parle Homère, à la descente d’Ulysse aux enfers ; ces témoignages, et tant d’autres de cette nature, vous les admettez tous.

Veuillez aussi nous croire, nous sommes pour le moins aussi dignes de foi que vos philosophes ; nous portons encore plus loin qu’eux le respect pour la Divinité : car nous prétendons que rien ne lui est impossible ; et de là notre espoir, si bien fondé, que nos corps, déposés après la mort au sein de la terre, reprendront une nouvelle vie. Ce retour à la vie vous étonne, vous ne le pouvez croire. Mais, dites-moi :

XIX. Si nous n’avions pas ces corps, et qu’on vînt nous dire que d’un peu de sang vont naître des os, des chairs, avec les formes que vous leur voyez : nous dirions aussi : « Quoi de plus incroyable ? » Procédons toujours par hypothèse. Si vous n’étiez pas encore ce que vous êtes, sortis de parents revêtus d’un corps comme le vôtre, et que quelqu’un, vous montrant d’un côté une goutte de sang, et de l’autre l’image de votre corps, vînt vous dire que de ce sang vont se composer des os et des chairs, et doit sortir un corps conforme à cette image, vous ne pourriez croire le fait avant de l’avoir sous les yeux. Non, jamais on n’aurait pu vous persuader que votre corps provînt de cette goutte de sang. Cependant, vous voyez qu’il n’est pas né autrement. Eh bien ! soyez aussi persuadés que ce même corps, tombé en dissolution après la mort, et confié à la terre comme une semence, peut, à la parole de Dieu, dans un temps marqué, reprendre une nouvelle vie et se revêtir d’immortalité. Je vous le demande, quelle puissance vraiment digne de lui laissent à Dieu ceux qui disent qu’à la vérité chaque chose