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taient, enfin leur costume, étaient peut-être les seuls choses dont ils n’ignoraient pas l’usage allégorique.

C’est de cette classe de prêtres qu’étaient sortis ceux qui accompagnèrent les pasteurs hors de l’Égypte. Les membres de la première auraient-ils quitté le pays où ils jouissaient de beaucoup de pouvoir et de considération, pour suivre des fugitifs d’une origine étrangère ? On ne peut raisonnablement l’imaginer. Quand Sésostris pénétra dans l’Asie mineure et la Thrace, il avait sans doute avec lui les principaux membres de l’ordre sacerdotal. Croirions-nous qu’ils l’eussent abandonné, pour s’établir dans ses nouvelles conquêtes ? Ils y auraient trop perdu. D’ailleurs le prosélytisme ne fut jamais la passion dominante des Égyptiens. Si leur religion se répandit dans le continent de l’Asie et dans celui de l’Europe, elle y fut d’abord moins connue par ses dogmes secrets que par ses légendes et ses rites. Avant d’en découvrir la trace dans le culte des anciens Grecs, par des recherches sur leurs cérémonies mystérieuses et les divinités qui en étaient l’objet, il est nécessaire d’examiner quelle fut leur croyance lorsqu’ils étaient encore sauvages, et par quelle révolution elle s’altéra, lorsqu’ils commencèrent à se civiliser.


De la religion primitive des Grecs.


Dans l’enfance des sociétés les hommes de tous les pays se ressemblent autant par leurs idées que par leurs mœurs. Aussi trouvons-nous que les Pélasges et les Scythes de l’ancien continent ont eu la même croyance que les sauvages du nouveau-monde. Parmi ceux-ci, les Iroquois appellent Garonhia le ciel ou le maître du ciel, auquel les Hurons donnent le nom de Soronhiata ou Ciel existant. Les uns et les autres l’adorent comme le grand génie, le bon Manitou, le maître de la vie, c’est-à-dire l’Être suprême. Hérodote nous assure que les Pélasges ne donnaient aux dieux ni noms ni surnoms, dont ils n’avaient pas même entendu parler. Il croit qu’ils immolaient des victimes, mais qu’ils faisaient consister l’essence du sacrifice dans les prières dont il était accompagné. Voilà comme un polythéiste pouvait rendre le théisme des premiers habitants de la Grèce, auquel devait naturellement succéder l’ouranisme ou le culte du ciel matériel ; on y joignit bientôt celui de la terre.

Les Scythes n’eurent pas d’autres principes sur l’unité des dieux ; mais ils les altérèrent en honorant, sous le nom de Tabiti et d’Apia, la terre-mère, et sous celui de Papœus ou père, le Ciel et non Jupiter, comme l’avance l’historien qu’on vient de citer. Cette dernière divinité était inconnue