Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec éclat à la cour de l’empereur, vous veniez voir ce saint évêque et que vous tâchiez d’acquérir son estime.

« Je me souviens aussi parfaitement de ce qui se passait alors que de ce qui est arrivé depuis. Les choses que l’on a vues ou apprises dans son enfance se gravent dans l’esprit avec l’âge et ne s’oublient jamais. Je pourrais dire le lieu où était assis le bienheureux Polycarpe, lorsqu’il nous annonçait la parole de Dieu : je le vois encore. Quelle gravité dans sa démarche partout où il passait ! quelle sainteté dans toute la conduite de sa vie ! quelle majesté sur son visage et dans toute sa personne ! Il me semble encore l’entendre nous raconter comment il avait conversé avec saint Jean et plusieurs autres qui avaient vu Jésus-Christ. Avec quel ravissement il nous parlait des miracles et de la doctrine du Verbe, qu’il avait recueillis de la bouche même de témoins oculaires et auriculaires !

« J’écoutais toutes ces choses ; je les gravais, non sur des tablettes, mais dans le plus profond de mon cœur. Je puis donc protester devant Dieu que, si cet homme apostolique avait entendu parler de quelque erreur semblable aux vôtres, il eût à l’instant bouché ses oreilles et fait éclater son indignation par ce mot qui lui était ordinaire : Mon Dieu ! à quels temps m’avez-vous réservé ? »

Vous voyez, dans le passage que nous venons de citer, que les Pères du 2e siècle ont pour maxime invariable de suivre la doctrine que leur ont transmise les évêques qui les ont précédés, et qu’il leur suffit, pour confondre les novateurs, de leur dire : Ce n’est point là la doctrine qui nous a été transmise. C’est donc ce qui a été toujours ouï qu’ils font profession d’enseigner.

« Les apôtres, dit ailleurs saint Irenée, ont confié le dépôt de la foi aux évêques qui devaient leur succéder dans le gouvernement des Églises. Aucun de ces évêques n’a enseigné autre chose que ce que nous croyons aujourd’hui. Nous le savons par ceux qui leur ont succédé sans interruption ; nous les connaissons si parfaitement, qu’il nous serait facile d’en