Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/61

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Dieu a multiplié les preuves de la vérité ; il les a proportionnées à la diversité des esprits et à la différence des conditions. Il y a des preuves simples, mais convaincantes, pour ceux qui ne sont en état ni de faire des recherches ni de s’appliquer à de longs raisonnements ; il y en a aussi qui exigent de l’étude, des connaissances, et qui sont pour les esprits plus cultivés. L’homme, à mesure que son intelligence se développe, est plus porté à douter ; mais dans un esprit droit, que les passions n’obscurcissent pas, les doutes sont toujours prévenus par l’accroissement des preuves. Plus on étudie la religion, plus on y découvre de nouvelles lumières qui fortifient les premières convictions.

Le peuple ne peut certainement pas remonter aux sources de la foi, à la tradition ancienne ; il n’a certainement ni le moyen, ni le temps de lire les Pères de l’Église ; mais cela ne lui est nullement nécessaire. Dieu qui appelle tous les hommes, ignorants ou savants, à la connaissance de la vérité, ad agnitionem veritatis, et qui veut que la soumission de tous soit raisonnable, rationabile sit obsequium vestrum, Dieu a donné à l’artisan, à l’ouvrier, un moyen court et sûr de discerner la vraie Église au milieu de tant de sectes opposées, qui toutes se disent l’Église de Jésus-Christ.

Ce moyen est bien simple, c’est de sentir son impuissance et le besoin d’une autorité visible et infaillible qui décide toutes les questions, sans l’engager dans une discussion dont il est évidemment incapable. D’un côté, il entend les sectes qui lui crient : Examinez le texte original des Écritures, les éditions, les versions, les divers sens des passages dont on dispute, et jugez vous-même et par vous-même qui de nous ou de l’ancienne Église que nous avons quittée explique mieux la parole de Dieu ; d’un autre côté, il entend cette ancienne Église qui, seule, lui dit : Ne décidez point de telles questions vous-même, parce que vous ne le pouvez pas ; mais reconnaissez votre incapacité et confiez-vous à la bonté de Dieu : il m’a promis son esprit pour vous préserver de l’erreur. À qui voulez-vous que cet artisan donne la préférence ? Est-ce aux sectes qui lui de-