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la loi propre à votre peuple et accommodée à la dureté de son cœur, comme il le déclare par les prophètes.

— Tous ceux qui aiment la vérité, me répondit Tryphon, seront nécessairement de votre avis ; vous ne trouverez d’opposition que de la part de ceux qui ne cherchent qu’à disputer.

— Et comment, répliquai-je, pouvez-vous faire ici le procès aux esprits contentieux, quand vous les imitez ? car vous rétractez ce que vous avez admis.

LXVIII. — Le tort n’est pas de mon côté, mais du vôtre, me dit Tryphon ; vous voulez nous faire croire ce qui est incroyable, impossible. Peut-on supposer qu’un Dieu se soit abaissé jusqu’à naître et se faire homme ?

— Si je ne m’appuyais pour le prouver, lui dis-je, que sur les raisonnements de l’homme, sur de vains systèmes, vous auriez raison de ne pas m’écouter. Mais si je raisonne d’après les Écritures, si je vous cite non pas un passage, mais une multitude de passages qui établissent cette vérité ; si je ne me borne pas à vous les citer une fois, mais plusieurs, vous conjurant de les comprendre, vous vous raidissez contre la parole et la volonté de Dieu qu’il faudrait plutôt apprendre à connaître, vous endurcissez vos cœurs. En persévérant dans les dispositions où je vous vois, c’est à vous-mêmes que vous faites tort. Vous ne me nuisez en rien, car je resterai ce que j’étais avant de vous avoir rencontré et je prendrai congé de vous.

— Mais comprenez, mon ami, me dit Tryphon, que vous n’êtes arrivé là qu’après beaucoup de travail et d’étude. Il nous faut donc aussi examiner longtemps cette grande question, et ne donner notre assentiment que lorsque l’Écriture nous y force.

— Je ne vous demande pas non plus, mes amis, d’admettre sans le plus sérieux examen tout ce qui fait l’objet de nos discussions. Mais ce que je vous demande, c’est de ne pas vous rétracter ni revenir sans cesse sur vos pas, lorsque vous n’avez plus rien à dire.

— C’est ce que nous tâcherons de faire, me dit Tryphon.