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tagne des Oliviers pour se saisir de lui. Dans les livres qui furent écrits, ainsi que je le soutiens, par ses apôtres et par leurs disciples, il est rapporté qu’une sueur qui ressemblait à des gouttes de sang découla de son corps, lorsqu’en priant il s’écriait : « Mon père, s’il est possible, éloignez de moi ce calice. » Son cœur, ses os étaient ébranlés en lui ; son cœur surtout était comme une cire qui se fondait au dedans de lui-même. Par tout ce qui est arrivé, Dieu voulait nous convaincre que c’est à cause de nous qu’il livrait son fils à de si cruelles angoisses, et que sa qualité de fils de Dieu ne l’empêcherait pas de sentir toutes les souffrances et tous les maux qui lui survenaient. Dans ces paroles : « Ma bouche s’est desséchée comme l’argile, ma langue s’est attachée à mon palais, » je retrouve une nouvelle prédiction de ce silence dont j’ai déjà parlé ; silence qu’il ne rompit par aucune parole, ne voulant rien répondre à vos docteurs qu’il avait coutume de confondre et de convaincre de folie.

CIV. « Vous m’avez conduit à la poussière de la mort, ajoute le prophète ; des chiens dévorants m’ont environné ; le conseil des méchants m’a assiégé : ils ont percé mes mains et mes pieds ; ils ont compté tous mes os ; ils m’ont regardé ; ils m’ont considéré attentivement ; ils se sont partagés mes vêtements ; ils ont tiré ma robe au sort. » Pourrez-vous trouver des paroles plus claires pour exprimer le genre de mort auquel le Christ devait être condamné par l’assemblée des méchants, que l’Écriture désigne sous les noms de chiens et de chasseurs, faisant ici allusion aux réunions et aux conseils que tinrent, pour le perdre, les chefs du peuple qui avaient juré sa perte ? Quoi de plus conforme au récit des apôtres ? J’ai parlé plus haut de ces vêtements que ceux qui le crucifièrent se sont partagés après l’avoir mis en croix.

CV. Viennent ensuite ces paroles : « Mais vous, Seigneur, ne vous éloignez pas ; vous qui êtes ma force, hâtez-vous de me secourir, arrachez mon âme au glaive et délivrez de la puissance du chien mon âme abandonnée ; sauvez-moi de la gueule du lion et des cornes de l’oryx, dans l’humiliation ou