Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du ciel, afin que vous n’ayez pas même besoin de vous occuper de votre nourriture ; vous, pour qui les eaux de Mara oublièrent leur amertume et devinrent si douces à boire ; vous enfin, sur qui, bien avant les temps marqués, découlèrent toutes les grâces des mystères à venir, par une faveur toute particulière de ce Dieu, envers qui vous vous êtes toujours montrés si ingrats ? N’avait-il pas, ainsi que je l’ai déjà dit, placé sous vos yeux le signe de celui qui devait être mis en croix, lorsque des serpents vous couvrirent de leurs morsures ; lorsqu’Amalech était vaincu par la figure que formaient les bras étendus de Moïse, et par le nom que portait celui qui fut surnommé Jésus ? Aussi Dieu voulut-il que le nom de Jésus se retrouvât partout, dans vos livres, et frappât sans cesse vos oreilles. C’est lui, vous disait-il, qui doit effacer de dessus la terre le souvenir d’Amalech. Or, tout le monde sait que le nom d’Amalech subsistait encore après le fils de Nave. Tout ici était donc symbolique et annonçait Jésus crucifié, par qui les démons seraient chassés de toutes parts, dont le nom seul les ferait trembler, et serait également redoutable à toutes les puissances et principautés ; tandis qu’on verrait chez tous les peuples, dans ceux qui croient en ce même nom, des hommes vraiment pieux et pacifiques ; n’est-ce pas, Tryphon, ce qu’attestent les Écritures et ce que démontrent tous les passages que j’ai cités ? Vous désiriez-vous nourrir de chair, et il vous tomba une si grande quantité d’oiseaux que vous ne pouviez les compter. Pour vous, l’eau a jailli des rochers ; sur vos têtes s’est étendu un nuage qui vous mettait à l’ombre contre l’ardeur du soleil, vous défendait contre la rigueur du froid et vous suivait partout, présentant comme l’image et la figure d’un nouveau ciel. Les courroies de vos chaussures ne se sont pas brisées ; vos chaussures elles-mêmes ne se sont pas usées non plus que vos vêtements ; ils se renouvelaient sur le corps des plus jeunes.

CXXXII. Et après tous ces prodiges, vous vous êtes fait un veau d’or ; c’est aux filles des étrangers que vous avez livré vos cœurs, c’est à des idoles que vous avez porté votre encens ; et cependant vous avez vu par quels prodiges la terre promise