Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/224

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t-il fait ? Il a pris sur lui nos péchés ; il a fait de son propre fils le prix de notre rançon, substituant le saint, le juste, l’innocent, l’incorruptible, l’immortel, à la place de l’homme pécheur, inique, pervers, sujet à la corruption, dévoué à la mort. Qui pouvait couvrir nos crimes, sinon sa sainteté ? Par quel autre que par le fils de Dieu, l’homme injuste pouvait-il être justifié ? Ô doux échange ! Ô artifice impénétrable de la sagesse divine ! Ô bienfait qui surpasse toute attente ! L’iniquité de tous est ensevelie dans la justice d’un seul, et la justice d’un seul fait que tous sont justifiés ! Quand il eut, par les temps écoulés, convaincu notre nature de son impuissance pour s’élever à la vie, il nous a montré le Sauveur, qui seul peut préserver de la mort ce qui périssait sans lui ; et par ce double exemple du passé et du présent, il a voulu que nous eussions foi en sa bonté, et que désormais l’homme le regardât comme un père qui le nourrit, comme un maître qui le conseille, comme un médecin qui le guérit ; que dirai-je encore ! comme son intelligence, sa lumière, son honneur, sa gloire, sa force, sa vie, et qu’il cessât de s’inquiéter du vêtement et de la nourriture.

X. Si donc, ô Diognète, vous désirez ardemment le don de la foi vous l’obtiendrez. D’abord vous connaîtrez Dieu le père : voyez combien il a aimé l’homme ; c’est pour lui qu’il a créé le monde ; il a placé sous sa dépendance tout ce que le monde renferme ; il lui a donné l’intelligence et la raison. C’est à l’homme seul qu’il a permis de regarder le ciel ; il l’a formé à son image ; il lui a envoyé son fils unique ; il lui promet son royaume ; il le donnera à ceux qui lui rendront amour pour amour. Ô quelle joie sera la vôtre quand vous le connaîtrez ! Combien vous aimerez celui qui, le premier, vous a tant aimé ? Une fois touché de son amour, vous chercherez à l’imiter, à retracer sa bonté. Quoi ! l’homme pourrait imiter Dieu ! Quel langage ! Cessez de vous en étonner ; l’homme le peut, puisque Dieu le veut. Faire peser sur ses semblables le joug de la tyrannie, se croire d’une condition meilleure que ceux qu’on opprime, étaler le faste de l’opulence, écraser le faible, tout cela ne fait pas le bonheur ; aussi n’est-ce pas en cela que