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« Si Jupiter réside au plus haut des cieux, il ne devrait pas faire peser l’infortune sur le juste. »

Mais parlant du Dieu que la raison nous découvre, c’est ainsi qu’il s’exprime :

« Voyez-vous, dit-il, cet être sublime qui embrasse l’immensité des cieux, et environne la terre d’une ceinture humide ; vous dites que c’est Jupiter, dites plutôt que c’est Dieu. »

Car il ne connaissait pas la nature des autres auxquels on a coutume de donner des noms : de votre Jupiter, disait-il, je ne saisis qu’un vain son ; et il ne voyait pas à quoi se rattachaient ses noms. À quoi bon des noms pour désigner des choses qui n’existent point ? Mais s’élevant à l’être invisible par la contemplation de ses œuvres, il voyait clairement ce qui le révèle dans les cieux et sur la terre ; il comprenait que celui qui a créé toutes ces choses et qui les gouverne par son esprit était Dieu ; il démontrait que ce Dieu devait être unique, et désignait quel devait être le lieu de son séjour : en cela il était d’accord avec Sophocle, qui s’écrie, au sujet de la nature divine et des beautés qu’elle a répandues dans ses œuvres, oui, il n’est qu’un Dieu, un seul Dieu créateur du ciel et du vaste univers.

VI. Philolaüs, de son côté, assurant que tout est renfermé dans le sein de Dieu, comme dans une prison, démontre et son unité, et sa nature immatérielle. Écoutez comment Lysis et Opsimus définissent Dieu : c’est un nombre incalculable, a dit l’un ; c’est l’excédant du nombre le plus grand sur le nombre qui l’approche de plus près, a dit l’autre. Si donc le plus grand nombre, comme disent les pythagoriciens, est la dizaine, puisque ce nombre contient en lui-même tous les rapports de nombre et d’harmonie, et si en même temps le nombre neuf l’approche de plus près, Dieu est l’unité, c’est-à-dire un ; car ce nombre dix surpasse exactement d’une unité celui qui lui est immédiatement inférieur. Je vais aussi exposer le sentiment de Platon et d’Aristote. Toutefois, en rappelant ce qu’ils ont dit sur la Divinité, mon intention n’est point de développer