Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/356

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de fers, comme Uranus avait précipité ses enfants. Ils racontent de quelle manière il combattit pour l’empire contre les Titans, et poursuivit Rhéa, sa mère, qui avait horreur de s’unir à son fils ; comment celle-ci ayant pris la forme de la femelle du dragon, il se changea lui-même en dragon tout aussitôt, et s’unit avec elle au moyen d’un nœud appelé nœud d’Hercule, dont l’image se voit encore dans le caducée de Mercure ; comment ensuite ayant aussi violé sa fille Proserpine, sous la même forme de dragon, il en eut un fils appelé Denys ou Bacchus. Quand vos poëtes soutiennent de telles absurdités, ne suis-je pas en droit de leur adresser ces paroles ? Qu’a donc une pareille histoire d’utile, d’honorable, pour nous faire croire à la divinité de Saturne, de Jupiter, de Coré et de vos autres dieux ? Seraient-ce les formes qu’elle donne à leurs corps ? Mais, je vous le demande, quel homme de bon sens, ou habitué à réfléchir, pourrait croire qu’un dieu ait engendré une vipère, comme le prétend Orphée ?

« Phanes, dit-il, engendra de son flanc sacré un autre monstre, une vipère horrible à voir ; sa tête était couverte de cheveux, sa figure d’une rare beauté, le reste du corps, depuis le haut du cou, représentait un dragon terrible. »

Qui se laissera persuader que ce même Phanes soit le premier-né des dieux (car c’est lui qui le premier s’échappa de l’œuf) ; qu’il ait eu la forme et le corps d’un dragon, et que Jupiter, pour échapper à sa poursuite, l’ait dévoré ? Si ces dieux ne diffèrent en rien des bêtes les plus viles, il est bien évident qu’ils ne sont point des dieux, il existe une grande différence entre les choses matérielles et la nature divine. Pourquoi donc aller offrir nos hommages à des dieux qui ne sont pas nés autrement que les bêtes, qui ont une figure, une forme monstrueuse ?

XXI. Si on se contentait de dire que ces dieux ont comme nous chair, sang, faculté de se reproduire ; qu’ils ont nos passions ou nos maladies, telles que la colère, l’ardeur des désirs, je ne devrais pas leur épargner le ridicule et le sarcasme ; car tout cela ne peut convenir à la Divinité ; passe encore qu’ils