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l’a dit. Elle nous apprend que le principe de tout c’est la monade, c’est-à-dire l’unité ; que les formes et les nombres en sont les éléments. Or, voici comment ils nous font connaître le nombre, la forme et la mesure de chacun de ses éléments : le feu est formé de vingt-quatre triangles rectangles, et renfermé dans quatre côtés égaux ; chacun de ces côtés se compose de six triangles rectangles ; c’est pour cela qu’ils le comparent à une pyramide ; l’air n’est autre chose que quarante-huit triangles rectangles, renfermés sous huit côtés égaux ; on le compare à une figure à huit faces, qui contient huit triangles équilatéraux, dont chacun se divise en six angles droits : ce qui fait en tout quarante-huit angles. L’eau se compose de cent vingt triangles ; on la compare à une figure de vingt côtés formée de six fois vingt triangles, ayant les angles et les côtés égaux…

IX. Et voilà comme Pythagore mesure l’univers ! Inspiré par ce dieu, j’abandonne patrie, femme, enfants, je quitte tout. Une toise à la main, je m’élance dans les plaines de l’air. Je commence par mesurer le feu. Ce n’est pas assez que Jupiter le fasse ; si un être comme moi, un génie aussi grand, un esprit aussi sublime ne mesure les régions éthérées, c’en est fait de l’empire de Jupiter. Lorsque j’en aurai déterminé l’étendue ; que Jupiter lui-même aura su de moi combien le feu a d’angles, je redescendrai du ciel. Je prendrai un frugal repas de figues, d’olives, de légumes ; puis je me jetterai au plus vite dans la mer, et sans me tromper d’une coudée, d’un doigt, que dis-je ? d’un demi-doigt, je mesurerai la plaine liquide ; j’en calculerai la profondeur, et je pourrai dire au juste à Neptune quelle est l’étendue de son royaume. Quant à la terre, en un jour j’en fais le tour et j’en connais le poids, la mesure et la forme ; je ne me tromperai d’une once sur toute la masse, j’en suis certain ; telle est mon intelligence ; tel est mon génie. Je sais en outre le nombre des étoiles, des poissons et des animaux de toute espèce. Enfin je mettrai le monde dans une balance, et je dirai combien il pèse. Grâce à mes sublimes contemplations, l’univers entier est devenu tributaire de mon génie.

X. Mais Épicure, du plus loin qu’il m’apperçoit, me crie :