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soient contenus et circonscrits par un autre dieu plus grand qu’eux tous ; mais alors aucun de ces petits dieux ne sera Dieu. Car chacun sera fort peu de chose, comparé à l’ensemble des autres dieux, ses collègues ; et il ne pourra donc pas être regardé comme possédant la toute-puissance. On voit donc que ce système aboutit nécessairement, et pour toute conclusion, à une impiété et à un blasphème.


CHAPITRE II.


Le monde n’a pu être créé par les anges, ou par quelque autre puissance, sans la volonté du Dieu suprême. — Il a été créé par Dieu, qui a employé à cette œuvre le ministère de son Verbe.


C’est déjà commettre une grave impiété, de prétendre que le monde aurait été créé par les anges ou par quelque autre puissance, contre la volonté du Dieu souverain, maître de toutes choses ; car ce serait attribuer à ces anges un immense pouvoir et rabaisser d’autant le pouvoir de Dieu ; c’est l’accuser d’impuissance, de négligence, et de se soucier fort peu de ce qui se fait dans son empire, d’être indifférent au bien comme au mal, et de ne savoir ni récompenser ni punir. Or, s’il n’est pas permis de parler ainsi d’un homme à qui l’on reconnaît quelque habileté, je le demande, comment pourrait-on, sans folie, tenir un pareil langage à l’égard de Dieu ?

Qu’on vienne après cela nous demander si ces créations ont été faites dans les espaces et dans l’empire du Dieu souverain, ou bien si elles auraient été faites en dehors de cet empire : car si l’on veut que ces créations aient été faites en dehors, alors on retombe dans toutes les absurdités du système que nous avons révélé tout à l’heure, et il faut de nouveau renfermer et circonscrire les dieux les uns par les autres. Que si, au contraire, ces créations ont été faites dans le propre empire de Dieu et malgré sa volonté, et par les anges qui seraient sous sa dépendance, alors nous tombons dans d’autres absurdités,