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les Æons du système de Ptolémée et d’Héracléon, et de leurs disciples.

Peut-être nos adversaires, n’ayant rien à répondre à ce que nous venons de dire, en viendront-ils à avouer que Dieu le père contient en lui toutes choses, et qu’en dehors du Plerum il n’y a plus rien ; et que dans leur système les termes de vérité et d’erreurs, dont ils se servent, n’ont pour objet que de signifier ce qui est dedans ou ce qui est en dehors du Plerum, sans égard pour les distances matérielles : et que dès lors le Plerum et la puissance du Père, dans leur circonférence infinie, contiennent toutes les choses créées, soit par Demiurgos, soit par les anges, à peu près comme le centre d’un cercle est renfermé dans sa circonférence, ou si l’on veut comme la tache d’une tunique fait partie de cette tunique même. Mais d’abord comment, dans cette hypothèse, concevoir que le Dieu souverain Bythus aurait laissé souiller d’une tache une partie même de son être ; ou comment il aurait permis que quelque être, étranger à lui-même, fût venu malgré lui modifier ou souiller son œuvre ; comment aurait-il laissé, dès le principe, souiller le Plerum, lorsqu’il était maître de l’empêcher ? Au lieu de détruire dans leur source toutes les funestes conséquences de cette antique souillure, devait-il permettre que le principe des créations fût ainsi altéré, souillé et défiguré par l’ignorance ou le péché ? Car celui qui a le pouvoir de purifier son être d’une tache avait à plus forte raison le pouvoir d’empêcher que cette souillure eût lieu. Ou bien, s’il a laissé faire cette souillure dès le commencement, c’est qu’il ne pouvait pas l’empêcher : on ne peut échapper à cette alternative. Comment les choses, qui dans leur principe ne peuvent être redressées, pourront-elles l’être plus tard ? Et comment l’humanité pourra-t-elle, comme ils le prétendent, arriver à la perfection, étant née du sein de l’imperfection et de la souillure, origine commune de Demiurgos et des anges qui, selon eux, auraient créé l’homme ? Et si l’auteur souverain de toutes choses a eu, à raison de sa volonté, enfin pitié de l’homme, dans la suite des temps, et l’a rendu perfectible, comment, à plus forte raison,