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par d’immenses distances. Mais, en admettant cette supposition, ils ne voient pas qu’ils vont emprisonner Bythus, puisqu’il sera ainsi entouré et entourant. Nous nous trouverons donc lancés de nouveau dans une discussion à perte de vue sur les contenants et les contenus ; mais il restera démontré que leurs Æons ne sont que des corps renfermés dans d’autres corps.

Il faut donc qu’ils reconnaissent de deux choses l’une : ou que ce qu’ils appellent le Père, n’est autre chose que le vide, ou bien que tout ce qui fait partie de la substance du Père participe de sa puissance. Si l’on trace dans l’eau des cercles, des triangles ou des carrés, toutes ces figures se mêlent à l’eau ; il en sera de même de celles que l’on peut tracer dans l’air, ou dans la lumière : ainsi en doit-il être des Æons que l’on suppose renfermés dans la substance du Père ; il faut qu’ils soient tous participants de cette substance, ce qui exclut toute possibilité qu’ils puissent rester plongés dans l’ignorance. Ainsi voilà que s’évanouit leur idée de dieux inférieurs, de l’émission de la matière, et tout leur système de la création, dont ils attribuent l’œuvre à la passion et à l’ignorance. Que s’ils suppriment le Père et mettent le vide à sa place, ils tombent dans un horrible blasphème, en refusant à Dieu toute espèce de puissance, puisqu’il serait incapable de communiquer sa divinité aux êtres qui font partie de sa substance.

Ce que nous venons de dire au sujet de l’émission de l’intelligence suprême suffit pour réfuter le système des partisans de Basilide, ainsi que celui des gnostiques qui adoptent les mêmes opinions sur l’origine des choses, opinions que nous avons fait connaître dans le premier livre. Nous avons donc fait voir ce qu’il y avait d’impossible et d’absurde dans le dogme de leur Nus suprême, et dans la formation de cette intelligence infinie. Examinons maintenant le reste de cette théogonie. Ils disent donc que de ce Nus sont provenus le Verbe et Zoé, créateurs du Plerum ; et quant au Verbe, raisonnant par comparaison avec les choses humaines, ils ont l’air de vanter beaucoup leur Nus au sujet de cette création. Mais comme nous