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l’avons dit, l’idée de Dieu renferme l’idée qu’il est en même temps tout puissance, tout pensée et tout Verbe ; ainsi, on ne peut concevoir rien qui ait pu exister avant lui et qui puisse exister après lui ; on ne peut le concevoir que simple et inaltérable, toujours égal et toujours semblable à lui-même : toutes ces conditions rendent inadmissible l’idée qu’il ait pu être créé. Certainement, dire que l’on conçoit Dieu comme étant tout vue et tout ouïe, (c’est-à-dire qu’il voit tout ce qu’il entend, et qu’il entend tout ce qu’il voit), n’est pas un péché ; dire aussi qu’on le conçoit comme étant tout intelligence et tout Verbe, ensorte que toute pensée en lui soit parole et toute parole soit pensée, ce n’est point non plus un péché ; mais on aura de Dieu une idée moins grande et moins relevée que celui qui admet l’hypothèse précédente. Toutefois, on s’en fera une idée bien plus convenable et plus décente que celui qui compare la génération du Verbe divin à l’acte de la génération parmi les hommes, et qui fait naître de cette manière Dieu et son Verbe. Nous demanderons si, d’après ce dernier système, on pourrait trouver quelque différence entre la génération de Dieu et de sa parole, et la génération de l’homme et de la parole de l’homme.

Les gnostiques ont mis en avant une autre erreur, qui est en même temps un péché, au sujet de Zoé, ou la vie, qu’ils font naître en sixième ordre, lorsqu’il fallait la placer en tête de tout le système, puisque Dieu est la vie même, l’incorruptibilité et la vérité. Il paraît donc qu’ils établissent une pareille progression d’origine en ce qui concerne les principaux attributs de Dieu : car on ne peut prononcer le nom de Dieu, sans sous-entendre dans la signification de ce mot, l’intelligence, le Verbe, la vie, l’incorruptibilité, la vérité, la sagesse, la bonté et tous les attributs de cette nature. Mais alors, comment pourrait-on dire que le sentiment est venu avant la vie ? car le sentiment c’est la vie même ; de sorte que Dieu, qui est la vie de toute la nature, aurait été un temps privé de vie. Si donc ils veulent que Zoé n’ait reçu la vie que le sixième, il fallait toujours que la vie existât bien longtemps auparavant pour faire exister Nus, et bien encore avant Nus, pour animer leur Bythus.